Pourquoi j’ai décidé de participer au Salon Maison & Objet envers et contre tout
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Pourquoi j’ai décidé de participer au Salon Maison & Objet envers et contre tout

Dernière mise à jour : 24 mars 2023


Vue de luminaires interactifs au salon Maison & Objet

Quand on monte une entreprise, on n’est pas du tout sûre de faire les choses bien. Me concernant, je suis même à peu près convaincue de les faire mal, c’est-à-dire dans le désordre, pas forcément de la manière la plus adaptée, ou en prenant les décisions stratégiques les plus justes. Comme s’il y avait une façon idéale de lancer son entreprise, en survolant les embûches, en ne prenant que les meilleures décisions possibles au meilleur moment possible. Evidemment, ce n’est pas vrai. Il y a bien sûr des opportunités qui se présentent, et on peut les saisir ou pas, mais il n’y a pas de recette magique pour lancer son entreprise, ni de façon idéale de s’y prendre. Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, chaque parcours dépend de l’entrepreneuse. Et moi, j’avais idéalisé le lancement de mon entreprise.


Donc, quand j’ai mis trois mois à recueillir les signatures de mes premiers artisans partenaires, j’ai trouvé que c’était trop long et je me suis dit je m’y prenais mal. Quand j’ai embauché une juriste pour me guider à travers les différentes structures possibles, et pour rédiger les statuts de mon entreprise, j’ai trouvé que c’était trop long, trop cher, je me suis dit que je m’étais fait avoir et que je m’y prenais mal. Quand j’ai demandé de l’aide aux collectivités territoriales, j’ai trouvé que c’était trop long, trop compliqué, je me suis dit qu’on ne m’y prendrait plus jamais, parce que décidément je m’y prenais mal.


GIF Barack Obama qui ne comprend pas

En revanche, quand j’ai candidaté pour présenter des artisans d’art des Antilles sur le pavillon CRAFT du Salon Maison & Objet, je n’ai pensé à rien. J’ai juste tenté ma chance. Quand mon dossier a été refusé pour des contingences administratives, j’ai remué ciel et terre pour donner la preuve de ma compétence à l’organisation du salon. Quand il a manqué des pièces, des photos, des courriers de soutien, je les ai adressés à toute vitesse. Vous pensez peut-être que c’est à cause de mon esprit de combativité ? Mais maintenant, avec le recul, je pense que je savais que je devais y participer.

Pourtant, sur le plan logique, participer à un salon la première année de son activité, sans trésorerie, et en prenant toutes les charges à son compte, ce n’est pas un bon calcul. Je me suis endettée à titre personnel pour y participer. J’ai fait des demandes de subvention auprès des collectivités et de la Chambre des Métiers. Pendant trois mois, je les ai relancés. Pendant trois mois, j’ai appelé, écrit, rappelé… sans succès. Les coachs que j’ai rencontrés des programmes Anggels, Initiative Guadeloupe ou Outremer Network m’ont tous expliqué (à raison) que prendre une telle responsabilité financière, si tôt dans la vie de mon entreprise, sans demander aucune contrepartie aux artisans, était une pure folie. Seulement voilà, je n’entendais rien.


Il faut, pour que vous me compreniez bien, que je vous raconte mon historique avec le Salon Maison & Objet. En septembre 2016, alors que je venais de quitter mon emploi, une ancienne collègue m’invite à visiter le salon (organisé par SAFI, son employeur). Et je viens avec curiosité visiter l’un des salons phares de la maison dans le monde. Et là, c’est le choc. Dans chaque allée, le choc. Des pièces raffinées, travaillées, imaginatives. Des pièces colorées, texturées. Des pièces d’artisans d’art. Des pièces technologiques. Des gadgets et des œuvres d’art. J’ai des frissons, j’ai les larmes aux yeux. Et je me demande comment faire pour que mon métier consiste à participer à ce type d’événement.


Mes collègues de l'époque et moi au Salon Maison & Objet

Quelques années plus tard, le salon Maison & Objet s’est un peu estompé de mon esprit. Je suis cadre en marketing pour une startup danoise d’électricité, je fais le deuxième confinement en Guadeloupe plutôt que de rester encore coincée dans mon appartement parisien. Et l’envie de monter un projet qui aurait du sens pour moi, grandit progressivement. Chaque jour passé sur mon île me fait me demander pourquoi je travaille dans l’électricité.

Bref, début 2021, je quitte mon poste et pars enregistrer mon entreprise au Tribunal de commerce de la ville de Pointe-à-Pitre. Je prends des renseignements, bute contre quelques obstacles, et mets en ligne mon site internet en mai 2021. Je fais même quelques ventes sur cette lancée ! L’été arrive, et les journées sont parfois moroses tant j’ai l’impression que rien n’avance.


Et là, en novembre, tout s’accélère : j’intègre un programme d’incubation, ma demande de prêt est accordée, ma candidature au Salon Maison & Objet est finalement acceptée. Je commence alors la longue liste de coûts à ajouter au tarif du stand : l’électricité, l’habillage des cloisons, les surcloisons de protection, le mobilier sur stand, le transport des pièces, la TVA à décaisser, les impressions de brochures et cætera, et cætera. Je ne vous fais pas un dessin, mais j’ai beaucoup réfléchi à la manière d’avoir une scénographie professionnelle et abordable (merci Valérie, merci Madeleine !). J’ai passé un temps inimaginable à parler avec la cellule conseil aux entreprises de la douane pour faire accepter la marchandise sans payer la TVA d’avance, mais uniquement en cas de vente. J’ai relancé des demandes de soutien et rassemblé un nombre incalculable de devis pour prouver ma bonne foi et le coût du projet. J’ai relancé mes artisans partenaires pour être certaine de recevoir les pièces à temps.


Tellement d’efforts pour 4 jours de salon. Seulement voilà, même dans les moments les plus compliqués, quand je me réveillais la nuit en notant des tâches à ne pas oublier sur mon téléphone, quand je demandais au transporteur de me réexpliquer ce qu’est un agrément RFS, quand je pleurais après avoir raccroché avec la douane ou une administration… même dans ces moments-là, je n’ai jamais envisagé de renoncer à ce salon. Je sentais dans toutes les fibres de mon être que je devais y aller. Ne serait-ce qu’en souvenir de ce jour de septembre 2016 où j’ai rêvé qu’y participer soit mon métier.

Et le résultat me direz-vous ?


Et bien, nous sommes le 9 février au moment où j’écris ces lignes, je vous donne rendez-vous sur mon stand le 24 mars prochain pour voir si j’ai eu raison.


Vignette d'illustration de participation au salon Maison & Objet


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